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Point de vue | La Maire de Paris doit maintenant rendre publique sa vision pour l'avenir des Champs-Élysées


Mme HIDALGO ne joue pas son rôle. Faute de vision pour les Champs-Élysées, elle risque de subir celle des autres.
Mme HIDALGO ne joue pas son rôle. Faute de vision pour les Champs-Élysées, elle risque de subir celle des autres.

Un réaménagement peut être justifié, à condition que Mme HIDALGO clarifie les objectifs, élargisse les bénéficiaires et limite le financement public.


La fermeture de la FNAC des Champs-Élysées est emblématique de l'éviction des commerces culturels populaires de la plus belle avenue du monde alors que les grands groupes du luxe multiplient les ouvertures d'enseignes. Depuis les fermetures du Gaumont Marignan et de l'UGC Normandie, il ne reste qu'un cinéma sur les Champs. La Ville de Paris doit bientôt réaliser un réaménagement global de l'avenue, qu'elle présente dans la continuité des propositions de l'étude "Réenchanter les Champs-Élysées" remises par le Comité Champs-Élysées en mai 2024. Il est encore temps de s'interroger sur l'avenir de l'avenue.


Quelle vision municipale ?

Le Comité est dans son rôle. Le site de l'association centenaire rappelle qu'elle agit "en faveur du développement, de la promotion et de la notoriété internationale de l'avenue". En initiant pour 5 millions d'euros une étude de 1 800 pages et 152 propositions pour réaménager les Champs-Élysées, elle pallie le manque d'initiative de la Mairie de Paris et la met sous pression avec un projet "clefs en main". Le "réenchantement" permettra d'accélérer l'orientation prise par l'avenue vers le commerce de luxe et la clientèle internationale. Si le projet prétend retrouver le caractère "populaire" de l'avenue pour la "redonner" aux Parisiens, la majorité des propositions a toutefois une visée commerciale et touristique, profitant à l'avenue et aux touristes plutôt qu'au quartier et aux habitants.

En revanche, la Maire de Paris ne joue pas son rôle. Faute de vision pour les Champs-Élysées, elle risque de subir celle des autres. Veut-elle "réenchanter" l'avenue aux frais du contribuable parisien mais dans l'intérêt premier des acteurs privés de l'axe et être ainsi le principal financeur de la stratégie de montée en gamme d'une artère qui se dédie au tourisme de luxe ? Cette "premiumisation" est-elle compatible avec le souhait d'y maintenir des activités culturelles et de résister à la standardisation et la perte d'authenticité induites par la mondialisation du tourisme ? Pour ne pas subir le lobbying efficace du privé et se contenter de financer les besoins exprimés par des intérêts particuliers, Mme HIDALGO doit maintenant arrêter une vision pour les Champs-Élysées, définir une ambition municipale et proposer un véritable partenariat public-privé en faisant appel aux adhérents du Comité et aux autres partenaires pour cofinancer un projet répondant à des besoins publics.


En bénéficier plus, y contribuer moins

Un réaménagement des Champs-Élysées cofinancé par la Ville de Paris ne peut être acceptable qu'à la condition que les habitants en bénéficient plus et que les Parisiens y contribuent moins. Aujourd'hui, le projet du Comité ne concerne pas suffisamment les habitants du quartier. La Maire de Paris doit exiger et obtenir d'y inclure plusieurs rues adjacentes, au-delà des seules avenues Montaigne et de la Grande Armée, déjà incluses grâce à la puissance de leurs comités. Sinon, la concertation menée apparaîtra rétrospectivement comme un énième "civic washing". Quant au besoin de financement, estimé à 250 millions d'euros, il doit être partagé entre la Ville, les grandes enseignes de l'avenue et les sociétés foncières. La Ville n'a de toute façon plus les moyens de financer seule les requalifications des rues commerçantes des grandes maisons de luxe, a fortiori lorsque ces travaux ne sont pas prioritaires au regard de l'état général de la voirie dans la capitale.

En conclusion, c'est la préférence touristique marquée de la Maire de Paris qui doit interpeller. Trop d'arbitrages politiques ont été rendus en faveur des touristes. Pendant que les loyers ont été encadrés, Airbnb s'est ainsi développé sans vraie régulation, jusqu'à faire de la capitale son premier marché mondial. La création de la Zone à Trafic Limité (ZTL) Paris Centre accentue la touristification de l'économie et de l'habitat des arrondissements centraux. Si la réduction de la circulation des habitants est un totem pour la Maire, celle des autocars de tourisme reste en revanche un tabou. Idem avec la fiscalité. Pour renflouer les caisses municipales, Mme HIDALGO a renié ses promesses, augmentant les droits de mutation, les tarifs des services municipaux, ceux du stationnement, la taxe foncière, etc. Seule la taxe de séjour acquittée par les touristes est restée basse, en comparaison avec d'autres capitales touristiques. Or, cette taxe a très précisément vocation à ne pas faire supporter aux seuls contribuables parisiens les frais liés à l'activité touristique du territoire. Nul doute que la vision du tourisme à Paris sera un thème de la prochaine campagne des élections municipales et une responsabilité du futur Maire de la capitale.


Retrouvez ici toutes mes prises de position sur le projet "Réenchanter les Champs-Elysées".

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