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En mémoire de Paul Varry, tirons les bonnes leçons de sa mort


Au lendemain du drame, j'ai participé à l'hommage rendu à Paul Varry sur la place de la Madeleine.
Au lendemain du drame, j'ai participé à l'hommage rendu à Paul Varry sur la place de la Madeleine.

Le 15 octobre, un cycliste est mort écrasé volontairement par un automobiliste sur la piste cyclable du boulevard Malesherbes dans le 8e arrondissement. Je veux d'abord présenter mes sincères condoléances à sa famille et j'ai une pensée émue pour ses proches. L'indignation est légitime et forte à travers la France. Suite à ce drame inexcusable, certains y ont vu la justification de la poursuite de leurs combats, plus ou moins idéologiques. Pour ma part, je veux tenter de tirer les bonnes leçons de ce drame, sans préjugés, de sorte que l'espace public parisien cesse d'être le Far West qu'il est devenu, comme j'ai encore eu récemment l'occasion de le dénoncer ici ou ici.


Être responsable

Chacun - usagers et décideurs - doit prendre conscience de ses responsabilités. Ce qui est en jeu, ce sont les nouvelles actions et mesures d'aménagement, de prévention et de répression qui devront être menées pour améliorer le partage de l'espace public et la cohabitation entre les mobilités.

Certains élus de la majorité parisienne ont d'ores et déjà instrumentalisé la mort de Paul Varry pour demander l'accélération de la réduction de la place de la voiture et l'interdiction des SUV dans la capitale. Si cette mort dramatique dépasse la simple violence routière et le seul Paris, je ne crois pas que la place de la voiture dans la capitale en soit l'unique cause. Incivilités, attitudes agressives, comportements à risque : l'espace public parisien est devenu un endroit où règne la loi du plus fort. Chaque usager a peur des autres et leurs relations s'apparentent à une "chaîne alimentaire" où chacun est un prédateur pour l'autre. Chaque usager reconnaît aussi ne pas respecter certaines règles du code de la route, chacun se croyant tout permis, sans la moindre empathie ni tolérance, toujours aux dépens des usagers les plus fragiles. Pourtant, nous sommes tous, tour à tour, piétons, cyclistes, automobilistes… Résultat de ces comportements et de certains défauts d'aménagement : le nombre des tués dans les rues de Paris est compris entre 30 et 40 chaque année depuis une dizaine d'années, les conducteurs de deux-roues motorisés payant le plus lourd tribut, devant les piétons, les cyclistes, les utilisateurs de trottinettes et les automobilistes.


La politique et la méthode

Mon intime conviction est que la politique et la méthode de la Maire de Paris ne contribuent pas non plus à pacifier la route dans la capitale. La mobilité individuelle et familiale des Parisiens est malmenée, particulièrement pour ceux dont la mobilité est contrainte par des facteurs physiques (personnes âgées, personnes handicapées...) ou logistiques (familles...). La liberté de circulation est pourtant une liberté fondamentale. Bien sûr, des mesures doivent être prises afin de limiter ses nuisances pour l'environnement et la santé. Mais ces restrictions doivent être strictement nécessaires, adaptées et proportionnées aux besoins environnementaux. Or Mme Hidalgo tend à sacrifier la mobilité urbaine sur l'autel d'une politique excessivement punitive et discriminatoire, au-delà du nécessaire, par pure idéologie : suppression démesurée des places de stationnement et augmentation exorbitante des tarifs, gymkhana des nouveaux plans de circulation dans les quartiers, mise en place incertaine d'une zone à trafic limité dans Paris Centre... Le tout sans soutenir pleinement le développement des transports en commun alternatifs.

Cliver pour séparer le bon usager de l'ivraie, comme le fait Mme Hidalgo, est par ailleurs une méthode qui revient finalement à dresser les usagers les uns contre les autres. Certains se sentent prisés, choyés, encouragés, d'autres méprisés, maltraités, dissuadés. C'est là le terreau des pires passions, à commencer par la frustration et la colère des uns contre les autres. Dès les années 90, la droite parisienne avait su mener, de façon beaucoup plus consensuelle, la première politique de rééquilibrage des usages de l'espace public, avec - déjà ! - un plan vélo, des zones 30, le tramway... Plutôt que de chercher à diviser, la Maire de Paris devrait rassembler tous les usagers d'un même espace public parisien et organiser la cohabitation des mobilités suivant un principe simple : il faut protéger prioritairement les usagers les plus vulnérables de cet espace public, à savoir les piétons et les cyclistes.


Sanction, prévention, réaménagement

Or le "code de la rue" adopté par le Conseil de Paris en 2023 est resté au milieu du gué, faute de volonté politique pour renforcer la police municipale et donner la priorité aux sanctions pour faire respecter le code de la route. Une autre politique de mobilité urbaine durable est souhaitable et possible dans la capitale. Il n'y aura pas de pacification durable du chaos dans l'espace public parisien tant que n'existera pas la volonté politique de renforcer rapidement la police municipale pour donner enfin la priorité aux sanctions du non-respect des dispositions du code de la route. N'oublions pas les vertus préventives de la sanction ! Avant de bannir certains usages et d'ostraciser certains usagers, encore faut-il que la Maire de Paris se soit préalablement donné les moyens humains et matériels d'y faire mieux respecter les règles du code de la route. Afin de verbaliser plus aisément les cyclistes auteurs d'infractions, je plaide par exemple l'instauration de la plaque d'immatriculation obligatoire et le port du casque obligatoire pour les vélos, a minima pour les vélos électriques puisqu'il s'agit de véhicules motorisés.

Il convient aussi de mieux former pour sensibiliser et responsabiliser. C'est pourquoi il faut soutenir la proposition de l'association Paris en selle de généraliser aux enfants qui sortent du collège le passage du brevet de sécurité routière de niveau 3.

Enfin, certains aménagements doivent être améliorés, voire corrigés et réaménagés. C'est par exemple le cas des pistes cyclables du boulevard des Batignolles et de la rue de la Pépinière dans le 8e. Je continuerai de me mobiliser afin de sécuriser pour tous - cyclistes et piétons - les pistes cyclables dangereuses de l'arrondissement. Soit dit en passant, le "code de la rue" a au moins un mérite : l'engagement pris de supprimer les pistes cyclables sur les trottoirs. C'est d'ailleurs sur ce fondement que je remonterai rapidement au créneau pour améliorer d'urgence la sécurité des pistes cyclables du boulevard des Batignolles et de la rue de la Pépinière.

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