Nous avons tenu mardi 5 novembre 2024 notre 30e Conseil du 8e arrondissement de la mandature. J'ai concentré mes principales interventions sur les dossiers que je considère être prioritaires pour les habitants du 8e et pour l'arrondissement. Vous trouverez ici l'ordre du jour initial de la séance et ci-dessous un compte rendu synthétique de mes principales interventions.
Sommaire
PLU bioclimatique : un autre urbanisme est souhaitable et possible
Les défauts et les dysfonctionnements de la ZAC Beaujon lui survivront
Transition écologique du bâti : l'enfer est parfois pavé de bonnes intentions
Illuminations de Noël : les subventions publiques doivent être mieux ciblées
Plan Climat de Paris 2024-2030 : oui au principe, non aux modalités
Renforcer la lutte contre la consommation détournée de protoxyde d'azote
Réinstaller un marché de Noël de qualité sur l'avenue des Champs-Élysées
Etudier la création d'un espace vert sur la parcelle du 25-27 rue de Constantinople
Dernier hommage à Paul VARRY
J'ai participé à un dernier hommage au cycliste mort écrasé - volontairement - le 15 octobre par un automobiliste sur la piste cyclable du boulevard Malesherbes, dans notre arrondissement. Je crois que nous devons tirer les bonnes leçons de ce drame, sans préjugés, de sorte que l'espace public parisien cesse d'être le Far West qu'il est devenu. Dans notre arrondissement, je continue de plaider que la priorité des priorités est de sécuriser deux pistes cyclables : celle du boulevard des Batignolles et celle de la rue de la Pépinière.
PLU bioclimatique : un autre urbanisme est souhaitable et possible
La délibération 2024 DU 142 portait sur l'approbation du projet de Plan local d'urbanisme bioclimatique (PLUb) de la Ville de Paris. Alors que Paris devient de plus en plus difficile à vivre et à travailler pour les Parisiens, j'ai voté résolument contre ce projet de nouveau PLU, à l'instar de 2023, car il va à l'encontre de mes priorités, le maintien des familles et d'un tissu économique dynamique dans Paris, la valorisation des espaces verts et de l’environnement, la préservation de notre patrimoine architectural, historique et religieux. J'ai d'abord expliqué mon vote en concentrant mon propos sur la politique d'accélération à marche forcée du logement social et le mécanisme incohérent et arbitraire des "emplacements réservés". J'ai ensuite défendu un amendement pour clarifier les critères d'exclusion et mettre en cohérence les emplacements dits "réservés" dans le cadre de ce projet de PLUb. Parce qu'il allait dans le sens de mon amendement, j'ai enfin voté un vœu, présenté séance tenante par la majorité d'arrondissement, pour supprimer certains emplacements réservés pour la production de logement. Préalablement, j'ai rappelé que je reste favorable à une politique du logement social pour mieux loger les familles et les classes moyennes, mais que je suis défavorable à la politique de production et d'attribution des logements sociaux menée par la Mairie de Paris.
Les prescriptions d'urbanisme portent directement atteinte au droit fondamental de propriété des propriétaires des parcelles "pastillées". Par principe, j'y suis donc profondément opposée.
Dans le domaine du logement, le projet de PLU bioclimatique s'inscrit dans une politique d'accélération à marche forcée du logement social et poursuit un objectif idéologique qui va bien au-delà de l'obligation prévue par l'article 55 de la loi SRU de 25% de logements sociaux d'ici 2025 : il prévoit 40% de logements publics à Paris en 2035, dont 30% de logements sociaux et 10% de logements abordables. Il s'appuie pour cela sur la possibilité d'imposer la réalisation de logements sociaux à l'occasion d'opérations immobilières, en abaissant le seuil de déclenchement, en augmentant la part minimale de logements sociaux à réaliser ou encore en multipliant le nombre des emplacements dits "réservés". Ainsi grève-t-il de prescriptions de mixité fonctionnelle et de mixité sociale les projets immobiliers de construction neuve, de restructuration lourde, d’extension, de surélévation ou de changement de destination. Si ces projets concernent des surfaces dédiées à l’activité économique, ils devront comprendre dorénavant 10% de surfaces dédiées à l’habitation. S'ils concernent des surfaces dédiées à l’habitation, ils devront comprendre de 35 à 50% de logements sociaux, suivant que la zone est déficitaire ou hyper-déficitaire en logement social. Or, l'essentiel du 8e arrondissement se trouve en zone hyper-déficitaire en logement social. Ainsi, comme je l’avais soulevé dès le printemps 2023, ce sont près de 100 parcelles de terrain du 8e arrondissement qui devaient initialement faire l'objet d'une prescription d'urbanisme et être réservées pour réaliser exclusivement des logements sociaux. Les prescriptions d'urbanisme localisées dans le 8e arrondissement ont un peu évolué depuis 18 mois, entre l'arrêt du projet de PLU en mai 2023 et le présent projet de délibération de novembre 2024 : 14 "pastillages" ont été supprimés et 12 ont été modifiés. Mais les prescriptions subsistantes n'en portent pas moins directement atteinte au droit fondamental de propriété des propriétaires de ces parcelles "pastillées".
Les servitudes de mixité fonctionnelle et de mixité sociale sont critiquables sur le fond, pour leur incohérence, et sur la forme, pour leur arbitraire. Sur le fond, elles vont avoir pour effet pervers de dévaloriser les immeubles et de les rendre difficilement vendables à un tiers ; de limiter les rénovations pourtant nécessaires de sorte de rester sous le seuil de la restructuration lourde ; et d'orienter de façon superflue la transformation du marché de bureau vers l'hôtellerie, dont le modèle économique est le plus à même de supporter la création d'une part de logements. Sur la forme, les propriétaires des parcelles pastillées n'ont jamais été destinataires de la moindre communication pour les informer directement de la prescription d'urbanisme dont leur parcelle de terrain va faire l'objet, ni de la part de la Mairie de Paris (qui décide), ni de la part de la Mairie du 8e arrondissement (qui émet un avis). Le choix des emplacements réservés a été effectué - je cite la commission d'enquête sur le projet de PLU bioclimatique - avec "une vision simpliste de la Ville de Paris ou déconnectée de la réalité". Et pour cause puisque la Ville a véritablement pastillé "à l'aveugle", sans même prendre la peine de visiter les immeubles. Enfin, compte tenu du coût potentiel pour la Ville de Paris de la mise en œuvre de l'ensemble des prescriptions d'urbanisme, elle n'en réalisera finalement qu’une infime minorité. Autrement dit, elle aura créé inutilement une insécurité juridique potentielle dont l'effet réel est de dévaloriser toutes les parcelles pastillées… Je n'oublie pas non plus que la commission d'enquête s'est élevée contre la "chasse aux sorcières" visant les établissements privés catholiques en considérant que grever des établissements scolaires d'un emplacement réservé est à la fois inopérant et contraire à l'intérêt général de la Ville de Paris, laquelle cherche à retenir les familles dans la capitale.
Je me réjouis de la volte-face de la majorité d'arrondissement sur le PLUb. Lors de notre Conseil du 8e arrondissement du 22 mai 2023, en contradiction directe et lourde avec la position de vote de la droite parisienne, la Maire du 8e arrondissement avait alors voté "pour" le projet de PLUb. Lors de la séance du 5 novembre 2024, elle a finalement voté "contre".
Le 8e arrondissement est la principale victime de cette politique d'accélération à marche forcée du logement social et de ce mécanisme incohérent et arbitraire des emplacements réservés : voir ici la liste complète des emplacements réservés dans le 8e arrondissement pour la réalisation de logements sociaux. Les immeubles de bureaux pastillés à Paris le sont principalement dans le quartier du Triangle d'or. Dans certaines rues, 50% des immeubles de bureaux ont été pastillés, comme si la Mairie de Paris cherchait à bouter l'activité tertiaire hors du quartier central des affaires. Or tout est affaire d'équilibre : s'il est souhaitable que davantage d'habitants vivent dans le quartier du Triangle d'or, Paris a aussi besoin de conserver des activités économiques qui ne soient pas toutes dépendantes du tourisme… Des immeubles de logements non vacants ont par ailleurs été pastillés. Des immeubles venant de faire l'objet d'une restructuration lourde ont aussi fait l'objet d'un emplacement réservé. D'autres immeubles ont été soudainement pastillés dans la plus complète opacité entre la concertation du PLUb (novembre 2022) et l'arrêt de l'avant-projet de PLUb (mai 2023). Enfin, certains immeubles pastillés sont des immeubles qui devront supprimer des mètres carrés de logement existants pour créer des logements sociaux, au prix de coûteuses transformations pour le contribuable parisien…
Puisque la Ville de Paris reconnaît elle-même avoir pastillé bien au-delà du strict nécessaire, créant inutilement une insécurité juridique potentielle dévalorisant ipso facto les parcelles concernées, il lui incombe maintenant de dépastiller, bien plus largement qu'elle ne l'a déjà fait depuis le printemps 2023. Non pour d'obscurs motifs d'infaisabilité technique ou économique, faisant généralement suite aux interventions de propriétaires influents, mais pour les motifs légitimes rappelés ci-dessus : le pastillage ne doit concerner ni des immeubles de logements occupés, ni des immeubles ayant fait l'objet d'une restructuration lourde, ni des immeubles pastillés après la concertation, ni des immeubles pour lesquels la création de logements sociaux revient à supprimer des mètres carrés de logement.
Les défauts et les dysfonctionnements de la ZAC Beaujon lui survivront
Nous avons ensuite examiné la délibération 2024 DU 153 ayant pour objet la suppression de la ZAC Beaujon. La réalisation de la ZAC étant terminée sur le plan opérationnel et financier, la délibération avait pour objet de la supprimer, d’approuver les comptes définitifs de cette opération et de donner quitus définitif de sa gestion à la SEMPARISEINE. Compte tenu de certains défauts, malfaçons et dysfonctionnements de la ZAC Beaujon qui perdurent et attendent toujours d'être corrigés, j'ai voté contre ce projet de délibération. La majorité d'arrondissement a voté pour.
Lors de notre Conseil d'arrondissement du 27 septembre 2022, la Maire du 8e arrondissement avait elle-même reconnu que "les équipements livrés dans le cadre de l'aménagement de la ZAC Beaujon comport[aie]nt des défauts de conception et des malfaçons", à commencer par l'école Louis de Funès, le centre sportif et les immeubles de logements sociaux des n°8, 22 et 30 rue Laure Diebold. Ces défauts, ces malfaçons et ces dysfonctionnements, ce furent pêle-mêle une mauvaise isolation thermique, des éléments extérieurs défectueux, des panneaux solaires installés en toiture sans raccordement, le descellement des dalles à l’entrée de la piscine et les infiltrations au-dessus du bassin, la dégradation du système de fermeture des portillons du jardin, etc.
C'est pourquoi j'ai regretté que la Maire du 8e n'ait jamais voulu donner suite à plusieurs de mes initiatives pour améliorer la situation. D'abord au vœu que j'avais fait adopter le 1er octobre 2019 en Conseil de Paris pour réaliser un audit thermique de l'école élémentaire Louis de Funès. Ensuite à ma demande de réalisation d'un audit global de fin de garantie décennale des différents lots du projet de la ZAC Beaujon. Résultat de l'immobilisme de la majorité d'arrondissement : dix ans après, certains défauts, malfaçons et dysfonctionnements perdurent et attendent toujours d'être corrigés...
Les logements sociaux du 63-67 rue de Rome bientôt rénovés
La délibération 2024 DLH 198 concernait une subvention de plus de 550 000 euros pour réaliser un programme de rénovation de 49 logements sociaux par la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) au 63-67 rue de Rome.
J'ai émis un avis favorable sur ce projet de rénovation énergétique dont je me suis réjouie. Le parc social parisien est en effet mal entretenu, y compris dans les parties communes. Pourquoi ? Parce que, lancée dans sa politique d'accélération à marche forcée du logement social, la Maire de Paris préfère investir dans la coûteuse transformation de logements libres en logements sociaux plutôt que dans l'entretien et la rénovation des logements sociaux existants.
C'est pourquoi je crois qu'un autre urbanisme municipal est non seulement souhaitable, mais encore possible, pour Paris et pour les Parisiens. Cet autre urbanisme comprend notamment un moratoire sur la transformation de logements libres en logements sociaux. Il redéploie les investissements de la préemption vers la rénovation du parc social. Et il inscrit la politique du logement dans une politique plus globale de l'habitat, pour retenir les Parisiens dans la capitale, en préservant une mixité fonctionnelle et sociale qui prenne en compte le cadre et la qualité de vie. C'est aussi la raison pour laquelle je plaide notamment, et de longue date, pour que le Groupement parisien interbailleurs de surveillance (GPIS), qui a vocation à mener des actions de prévention et de surveillance sur le patrimoine social parisien pour y assurer la paisible jouissance des lieux d’habitation sans surcoût pour les locataires, puisse enfin se mobiliser dans le parc social du 8e arrondissement.
Transition écologique du bâti : l'enfer est parfois pavé de bonnes intentions
J'ai voulu profiter d'une communication sans vote 2024 DLH 233 sur la transition écologique du bâti parisien pour alerter une nouvelle fois sur certains effets contre-productifs de l'interdiction progressive à la location des logements énergivores. Depuis le 1er janvier 2023, les logements classés G+ selon le diagnostic de performance énergétique (DPE) sont interdits à la location. Il s'agit des logements qui consomment plus de 450 kwh / m² / an. A mesure que l'interdiction de location montera en puissance, seront progressivement interdites les lettres G (2025), F (2028) et E (2034). Ces dispositions sont issues de la "loi climat et résilience" du 24 août 2021.
Or, selon l'Institut Paris Région, 600 000 résidences principales sont classées E, F et G à Paris... et jusqu'à 66% des logements loués dans le parc privé ! Parmi celles-ci, plus de 320 000 sont étiquetées F ou G, des catégories assimilées aux "passoires thermiques". L'état de passoire thermique peut se traduire de différentes manières : difficultés à chauffer durant l'hiver, difficultés à rafraîchir pendant l'été, accumulation d'humidité, etc. D'après l'Insee, si le 8e est l'arrondissement le moins concerné à Paris, grâce à la relative qualité de son bâti, il compterait plus de 50% de logements privés classés E, F ou G, autrement dit ayant vocation à être prochainement interdits à la location.
Par conséquent, je crains que l'interdiction progressive à la location des logements énergivores n'assèche un peu plus le marché locatif, ce qui emportera l'effet contre-productif de porter principalement préjudice aux plus fragiles et vulnérables sur le marché du logement, qu'il s'agisse des locataires modestes ou des petits propriétaires-bailleurs.
Illuminations de Noël : les subventions publiques doivent être mieux ciblées
Nous avons ensuite examiné deux délibérations, la 2024 DAE 178 et la 2024 DAE 211, concernant les subventions aux associations de commerçants pour les illuminations des fêtes de Noël. J'ai voulu opéré une distinction suivant que les commerçants récipiendaires ont, ou non, besoin d'être aidés par les contribuables parisiens.
Par principe, je suis favorable aux illuminations des rues commerçantes pour les fêtes de Noël car elles sont une source d'animation positive au moment d'une importante période d'activité commerciale, conviviale et familiale. Mais je crois aussi que les subventions publiques n'ont pas vocation à aider les acteurs économiques qui ont largement les moyens d'autofinancer leur projet et que les circonstances financières et environnementales à Paris invitent, par souci de cohérence, à une certaine sobriété budgétaire et énergétique. Sinon, pourquoi avoir augmenté de plus de 52% la taxe foncière l'année dernière ? Sinon, pourquoi avoir soutenu les mesures d'une écologie "punitive" sur le périphérique, sur la zone à trafic limité Paris Centre, sur la zone à faibles émissions du Grand Paris ?
Mon soutien de principe aux commerçants pour leurs illuminations ne vaut donc pas pour n'importe quel bénéficiaire : oui pour soutenir les commerçants de proximité, non pour soutenir les enseignes des grands groupes de luxe. C'est pourquoi j'ai voté "pour" les subventions aux associations des commerçants de la rue Marbeuf, de la rue Vignon, du secteur de l'Europe et du secteur de la Madeleine, des commerçants de proximité dont les associations ont besoin d'être aidées. Ce n'est pas le cas de l'association Comité Champs-Élysées, laquelle compte parmi ses membres les enseignes des principaux groupes de luxe (LVMH, Dior, Yves Saint Laurent, Cartier, etc.), dont nous sommes bien sûr très fiers en tant que Français, mais qui ont largement les moyens d’autofinancer leurs illuminations pour les fêtes de Noël sans solliciter les contribuables parisiens.
Plan Climat de Paris 2024-2030 : oui au principe, non aux modalités
La délibération 2024 DTEC 1 concernait l'approbation du Plan Climat de Paris 2024-2030. La dramatique actualité des inondations en Espagne nous le rappelle : ce type de plan d’adaptation de la ville au dérèglement climatique est important et urgent, donc prioritaire. C'est pourquoi, en dépit de très fortes réserves sur les modalités, j'ai tout de même voté "pour" le principe de ce Plan - à l'instar de la majorité d'arrondissement. D'autant que l'essentiel du territoire du 8e arrondissement est concerné par le Plan de prévention des risques d'inondation (PPRI).
Tel un inventaire à la Prévert, le projet liste 396 actions pour "protéger les Parisiens, accélérer la réduction des émissions de carbone, préserver les ressources, accompagner le développement d'une économie locale, durable et bas carbone, mobiliser en faveur du climat". Il a été arrêté par le Conseil de Paris en décembre 2023 puis soumis du 2 septembre au 4 octobre dernier à une consultation publique, ou plutôt très confidentielle voire quasi "secrète", puisque 80 contributions seulement ont été déposées sur la plateforme en ligne dédiée…
Le projet de Plan Climat comporte de nombreux points négatifs. Le document est un fourre-tout. Les objectifs non mesurables cohabitent cahin-caha avec ceux inatteignables. Les mesures gadgets voisinent avec celles qui trahissent les tentations idéologiques de la majorité municipale, remettant radicalement en cause le mode de vie parisien et cachant mal le militantisme pour la décroissance économique. Florilège - parmi les 396 actions dont vous trouverez ici la liste complète : "atteindre 100 % de plats végétariens lors des réceptions de la Ville", "créer un bureau 'genre et transition écologique'", "ouvrir une vingtaine de grands parcs parisiens toute la nuit en cas de canicule", "plaider au niveau national pour une réduction du trafic aérien dans les aéroports desservant Paris", etc.
Nous voulons tous, par ailleurs, que les politiques de la mobilité soient "durables" en poursuivant des objectifs de qualité de l'air et de santé publique, tant le trafic routier est responsable de nombreux problèmes de santé, chez les adultes et chez les enfants - allergies, gênes respiratoires, problèmes cardiovasculaires, cancers, etc. Mais j'alerte une nouvelle fois sur le caractère disproportionné des conséquences négatives de certaines mesures présentées comme "écologiques", à commencer par la zone à trafic limité Paris Centre entrée en vigueur le 4 novembre à la suite d'un arrêté publié le 31 octobre, laquelle va emporter des dommages collatéraux pour notre arrondissement, la réduction de la vitesse à 50 km/h sur le boulevard périphérique, ou encore la "zone à faibles émissions" du Grand Paris, dont l'acronyme ZFE risque d'être synonyme de zone à "forte exclusion".
Ces mesures peuvent être dangereuses pour la mobilité des Parisiens. Or, la mobilité est au fondement de la vie urbaine. La corseter avec des mesures qui ne sont pas strictement nécessaires, adaptées et proportionnées à l'ensemble des besoins des Parisiens, mais qui répondent plutôt à des considérations "idéologiques", c'est prendre le risque d'un rejet de mesures perçues par les particuliers et les professionnels comme inutilement "punitives" et "discriminatoires". A fortiori lorsque s'y ajoutent diverses autres restrictions de la circulation, le renchérissement du stationnement payant des automobiles comme des deux-roues, voire sa suppression pure et simple, à l'instar du boulevard Malesherbes... Ces mesures ne sont donc pas réalistes et elles sont même nocives, à terme, puisqu'elles tendent à opposer la transition écologique et la justice sociale, l'une et l'autre étant pourtant consubstantielles.
Le projet de Plan Climat compte aussi quelques points positifs. Il reconnaît qu'il faut vivre avec la hausse des températures et donc prioritairement adapter la ville. Il prévoit notamment des accès à de l’eau et à des lieux rafraîchis, 40 000 mètres carrés de toits peints en blanc, entre autres sur les écoles et les crèches, un programme de 1 000 toits "anti-surchauffe" pour les derniers étages, la sortie du chauffage au fioul, etc.
Le projet présente aussi des volets locaux pour "territorialiser l'action climatique" avec les Mairies d'arrondissement. Les mesures sont encore floues et manquent cruellement d'ambition. Ainsi est-il prévu dans le 8e arrondissement la rénovation thermique de l'école élémentaire Surène, la co-construction avec les habitants de "l’éco-territoire" du quartier Europe et le développement de l'agriculture urbaine dans la "boucle de retournement du métro" qui se trouve sous le parc Monceau. Une action plus concrète et d'envergure aurait été de végétaliser la parcelle du 25-27 rue de Constantinople. D'autres actions sont au programme : la rénovation du bâtiment de la Mairie d'arrondissement, la structuration d'un réseau associatif sur la thématique des déchets, la transformation de la rue de Ponthieu en rue zéro déchet ou encore des actions de sensibilisation à la réduction, au recyclage et à la valorisation des déchets.
L'un dans l'autre, j'ai donc exprimé un avis favorable sur ce projet de délibération, parce que le principe d'un tel plan est prioritaire, tout en m'opposant en l'occurrence à ses modalités. La majorité d'arrondissement a voté pour.
Renforcer la lutte contre la consommation détournée de protoxyde d'azote
Le premier vœu de la séance, V08 2024 14, émanait de la majorité d'arrondissement et était relatif à la lutte contre la détention et le transport de protoxyde d’azote sur l’avenue des Champs-Élysées. L'usage détourné et toxicomane du protoxyde d'azote est la source de nombreux troubles à l'ordre public sur l'avenue et dans le quartier des Champs-Élysées, des troubles à la fois à la sécurité des usagers et à la tranquillité des riverains.
C'est pourquoi j'ai voté "pour" le vœu de la majorité relatif à la lutte contre la détention et le transport de protoxyde d'azote sur l'avenue des Champs-Élysées, une initiative que j'ai saluée. Je me suis d'ailleurs réjouie de l'évolution de la majorité d'arrondissement puisqu'elle avait rejeté le vœu de notre collègue Sophie SEGOND sur le même sujet lors de notre Conseil d'arrondissement du 22 septembre 2020. J'ai aussi proposé deux amendements pour compléter et peaufiner le dispositif du projet. Mon premier amendement portait sur le champ d'application dans l'espace et dans le temps de l'arrêté du Préfet de police de Paris : j'ai proposé de remplacer "sur l'avenue des Champs-Élysées, du vendredi soir à 22 heures au lundi matin à 5 heures" par "sur l'avenue des Champs-Élysées et dans les rues contiguës, du jeudi soir à 21 heures au lundi matin à 7 heures". Mon second amendement complétait le projet de dispositif en ajoutant la phrase suivante : "Que la Maire de Paris sensibilise les parlementaires à la nécessité de durcir la législation encadrant l'usage détourné du protoxyde d'azote en interdisant sa consommation sur l'espace public".
Réinstaller un marché de Noël de qualité sur l'avenue des Champs-Élysées
Mon premier vœu, V08 2024 15, visait à ce que la Ville de Paris réinstalle un marché de Noël, de qualité, sur l'avenue basse des Champs-Élysées. Ce vœu faisait notamment suite à plusieurs interpellations que des habitants de l'arrondissement m'avaient faites dans ce sens. Il s'inscrivait aussi dans la suite logique des positions que j'avais prises en Conseil de Paris en 2015 et en 2017.
Alors que sa fréquentation touristique pendant la période de Noël représente une vitrine exceptionnelle afin de promouvoir la qualité des produits et des savoir-faire des artisans parisiens et franciliens, l'avenue des Champs-Élysées n'a pas été animée par un marché de Noël depuis 2017, après que le Conseil de Paris eut décidé en juillet 2017 de ne pas reconduire la convention d'occupation du domaine public signée en 2015 avec la SARL Loisirs Associés, car son marché de Noël laissait à désirer, avec des produits hétéroclites de mauvaise qualité ne représentant en rien les savoir-faire des artisans locaux. Or, les animations lors des fêtes de Noël contribuent à l'attractivité et au rayonnement de Paris et, parmi elles, les marchés de Noël sont une source d'animation positive pour la capitale lorsqu'ils reflètent l'esprit et les traditions de Noël.
Depuis 2017, la situation a évolué. D'une part, l'avenue des Champs-Élysées doit faire l'objet d'un "réaménagement global" qui démarrera dès que la Ville de Paris, la Préfecture de police de Paris et l'État auront décidé de la suite à donner à tout ou partie des 152 propositions de l'étude "Réenchanter les Champs-Élysées" initiée et financée par le Comité Champs-Élysées, puis que les études opérationnelle et réglementaire auront été menées. D'autre part, la Ville de Paris invite depuis 2015 les concepteurs et les organisateurs de marchés de Noël à signer la "Charte des marchés de Noël", créée le 30 octobre 2015 et annexée à toutes les autorisations délivrées, laquelle prescrit de veiller à l'esthétisme des installations, d'effectuer une sélection rigoureuse des articles proposés et de développer des pratiques respectueuses de l'environnement.
C’est pourquoi je crois que les conditions sont aujourd'hui réunies pour travailler à la réinstallation d'un marché de Noël sur l'avenue basse des Champs-Élysées qui promeuve des produits, des services, des animations et des décorations de qualité mettant en valeur les savoir-faire des artisans parisiens et franciliens. D'autant que le Comité Champs-Élysées a lui aussi préconisé, dans sa proposition n°60, de "recréer un marché de Noël de qualité" sur l'avenue des Champs-Élysées. D'autant, enfin, que l'annonce par le Préfet de police Laurent NUNEZ, au détour d'un entretien récent dans Le Parisien, qu'un marché de Noël sera prochainement organisé sur la place de la Concorde, va à l'encontre d'une position largement partagée, celle de l'interdiction des occupations événementielles commerciales de la place, de sorte de n'y autoriser que des occupations non commerciales et d'intérêt national.
Mon vœu préconisait aussi d'instaurer un dispositif renforcé de suivi et de contrôle du respect de la lettre et de l'esprit de la "Charte des marchés de Noël", de sorte que son non-respect engage systématiquement un refus d'autorisation d'une année complète ou le retrait des installations. Il recommandait enfin que la Ville de Paris s'inspire des modes de gestion des marchés de Noël de Reims et de Strasbourg, lesquels permettent la sélection individuelle des exposants par la municipalité.
Dans son explication de vote contre mon vœu, la Maire du 8e arrondissement a confirmé que les animations qui étaient jusqu'à présent organisées pour les fêtes de fin d'année place de l'Hôtel de Ville allaient bel et bien être transférées cette année place de la Concorde. A ma question de savoir pour combien de temps, elle n'a pas su me répondre.
Plusieurs journalistes ont rendu compte de mon initiative :
Etudier la création d'un espace vert sur la parcelle du 25-27 rue de Constantinople
Mon second vœu, V08 2024 16, avait pour objet que la Ville de Paris étudie la création d'un espace vert compatible avec les recommandations de l'Agence régionale de santé (ARS) sur la parcelle du 25-27 rue de Constantinople. Le projet de groupe scolaire au 25-27 rue de Constantinople a été abandonné, après 10 ans d'instruction, en raison du coût de la dépollution de l'emprise de l'ancien garage Citroën. Moi-même et le groupe Les Républicains au Conseil de Paris avions pourtant alerté dès l'origine sur l'avenir aléatoire de ce projet en raison des difficultés et du coût de la dépollution de l'emprise…
L'opération de construction prévoyait aussi, outre un groupe scolaire de 8 classes, près de 50 logements sociaux et une cuisine de production. Toutefois, les contraintes environnementales et sanitaires de la parcelle qui empêchent le projet de groupe scolaire devraient logiquement impacter aussi le projet de logements sociaux. Ces contraintes environnementales et sanitaires plaident pour un aménagement dont les usages seront temporaires plutôt que permanents.
Suivant les diagnostics territoriaux réalisés par l'Atelier parisien d'urbanisme (APUR), le secteur de la rue de Constantinople, et plus largement celui de l'Est du quartier de l'Europe, est carencé en espaces verts. De plus, la Mairie de Paris s'engage dans son futur Plan local d'urbanisme bioclimatique (PLUb) à développer jusqu'en cœur d'îlot les surfaces de pleine terre, les lieux de respiration et de fraîcheur, la végétalisation, la présence de la faune et de la flore, tout comme celle des espaces libres, ainsi que la préservation de la nature et la protection des arbres.
Les habitants du secteur de la rue de Constantinople attendent que la Mairie de Paris travaille rapidement à un nouveau projet utile pour eux. Dans cette perspective, plus de 1 000 internautes ont d'ores et déjà signé la pétition en ligne que j'ai lancée à l'attention de la Maire de Paris pour créer un espace vert sur la parcelle. Enfin, d'aucuns s'inquiètent que l'absence durable et non anticipée de bâti sur la parcelle du 25-27 rue de Constantinople puisse être un facteur de fragilisation structurelle des immeubles mitoyens.
C'est pourquoi j'ai proposé à notre Conseil du 8e arrondissement d'émettre le vœu que la Ville de Paris étudie la création d'un espace vert compatible avec les recommandations de l'ARS sur la parcelle du 25-27 rue de Constantinople, diligente un diagnostic structurel des bâtiments mitoyens et étudie, dans l’hypothèse où le projet de logements sociaux irait finalement à son terme, l’insertion dans celui-ci d’un espace vert. Une telle proposition a déjà été défendue lors du Conseil de Paris d'octobre dernier. La Mairie de Paris s'était alors montrée ouverte et souhaite manifestement se laisser le temps de la réflexion. En revanche, au cours de notre Conseil d'arrondissement, la Maire du 8e s'y est opposée, sans véritable argument de fond.
L'option d'aménagement qui tiendrait désormais la corde serait une offre de logement pour personnes âgées avec une résidence autonomie. Si un tel besoin de logement était confirmé pour notre arrondissement et compatible avec les recommandations de l'ARS, j'y serais bien sûr favorable. Par souci d'optimiser un foncier en friche dans le quartier de l'Europe, je n'en continuerai pas moins de plaider, le temps des longues années d'instruction du projet, pour la création d'un espace vert "éphémère" d'ici au démarrage des travaux.
Rétablir le tourner à gauche vers l'avenue de Messine
Enfin, ma question orale adressée à la Maire du 8e arrondissement, Q08 2024 06, portait sur le rétablissement du tourner à gauche depuis le boulevard Haussmann vers l'avenue de Messine le long de la place du Pérou. La récente interdiction, pour la circulation générale, du tourner à gauche depuis le boulevard Haussmann vers l'avenue de Messine le long de la place du Pérou s'avère en effet problématique pour tous les usagers de l'espace public. D'abord, pour rejoindre l'avenue de Messine puis les rues de la Bienfaisance, Treilhard et de Téhéran, les riverains et usagers respectueux du code de la route se trouvent désormais dans l'obligation de réaliser un détour jusqu'à la place Saint-Augustin afin de revenir "dans le bon sens". Ces riverains se sont d'ailleurs mobilisés en lançant une pétition. Outre l'inconfort pour eux, un tel allongement des temps de parcours est en contradiction avec la volonté de la Ville de Paris de réduire la circulation générale dans la capitale. Ensuite, de nombreux véhicules - principalement des deux-roues mais aussi quelques quatre-roues - transgressent le nouveau sens interdit, et cette infraction est d'autant plus dangereuse en présence d'un passage pour piétons que ces véhicules accélèrent généralement pour franchir le boulevard Haussmann puis rester le moins longtemps possible en infraction à contresens. Enfin, les chauffeurs de taxi regrettent eux aussi que le repositionnement de la station de taxi sur l'avenue de Messine ne soit pas satisfaisant pour leur activité.
S'il est donc souhaitable, le rétablissement du tourner à gauche depuis le boulevard Haussmann vers l'avenue de Messine le long de la place du Pérou est incompatible avec le maintien du nouveau tourner à gauche des taxis depuis l'avenue de Messine vers le boulevard Haussmann le long de la même place, autrement dit il est incompatible avec le maintien d'un double sens de circulation, et obligera en conséquence les taxis à rejoindre le boulevard Haussmann en poursuivant sur l'avenue de Messine puis en tournant à gauche dans la rue de Téhéran via la place de Narvik.
Ma question était donc de savoir si la Maire du 8e arrondissement était favorable à la restauration du sens unique depuis le boulevard Haussmann vers l'avenue de Messine le long de la place du Pérou et, le cas échéant, suivant quel calendrier elle comptait prendre et faire prendre les mesures nécessaires pour sa mise en œuvre.
Dans sa réponse, la Maire du 8e arrondissement a indiqué que la piste cyclable devait être "reprise" en 2025 et que le tourner à gauche depuis le boulevard Haussmann vers l'avenue de Messine serait alors rétabli. Quant au nouveau tourner à gauche des taxis, pourtant incompatible avec ce rétablissement, son avenir reste encore flou.
Bonjour
Pour la 1ere fois cette semaine j’ai vu la Police municipale qui verbalisait les cyclistes traversant la place St Augustin sur le trottoir. Enfin une bonne initiative… pourvu que ça dure.
Bien cordialement