Nous avons tenu mardi 3 décembre 2024 notre 31e Conseil du 8e arrondissement de la mandature. Vous trouverez ici l'ordre du jour initial de la séance et ci-dessous un compte rendu synthétique de mes principales interventions. En dépit des actualités parisiennes, cet ordre du jour était étonnamment léger, comme si le Conseil du 8e voulait être une simple "chambre d'enregistrement" des projets de l'Hôtel de Ville, ce que je regrette vivement. Pour ma part, j'ai défendu deux vœux, posé une question orale et concentré mes principales interventions sur les dossiers que je considère être prioritaires pour les habitants du 8e et pour l'arrondissement.
Sommaire
Parc de logements sociaux : la Mairie de Paris doit financer l'entretien et la rénovation
Nous avons examiné deux délibérations, 2024 DLH 167 et 2024 DLH 307, ayant pour objet de subventionner deux programmes de rénovation énergétique de logements sociaux prévus par leurs bailleurs, en l'occurrence la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) et Élogie-Siemp, en contrepartie de quoi la Ville de Paris se voit accorder des droits dits de "réservation".
J'ai voté "pour" ces deux projets de délibération concernant le 29 rue Cambacérès et le 40-42 rue de la Bienfaisance / 1 rue Treilhard, mais j'ai voulu en profiter pour dénoncer une nouvelle fois le trop faible soutien de la Ville de Paris à la rénovation énergétique du parc parisien de logements sociaux.
La Ville de Paris compte 260 000 logements dans son parc social. De trop nombreux locataires Parisiens vivent dans des logements sociaux dégradés, voire délabrés, une situation qui nuit à leur qualité de vie, parfois à leur santé, et qui entrave la lutte contre le réchauffement climatique. Dans le 8e arrondissement, qui comptait 894 logements sociaux en 2023, c'est par exemple le cas des logements de la rue Laure Diebold, pour lesquels je me suis mobilisée à plusieurs reprises ces dernières années.
Aujourd'hui, environ 35 000 de ces logements sociaux ont été rénovés, soit moins de 15% du parc social parisien. Chaque année, les bailleurs sociaux rénovent 3 000 à 4 000 logements. A ce rythme, il faudrait donc attendre au moins l'année 2070 pour que soient rénovés la totalité des logements sociaux du parc social parisien. Un tel délai n'est bien sûr pas acceptable.
Je dénonce d'autant plus cette situation du logement social à Paris qu'elle était prévisible à cause de la pratique municipale des loyers capitalisés reçus des offices HLM, laquelle les a privés d'une partie de la capacité d'autofinancement de la rénovation énergétique de leur parc, et de la fuite en avant budgétaire de l'Exécutif municipal dans la préemption de logements privés pour la réalisation de nouveaux logements sociaux plutôt que l'entretien et la rénovation du parc social existant.
C'est pourquoi je renouvelle ici ma proposition que les bailleurs sociaux réalisent et communiquent aux élus un état des lieux sur les logements sociaux qui restent à rénover, arrondissement par arrondissement, en suggérant un ordre de rénovation par priorité décroissante, et qu'ils indiquent les voies et les moyens d'une stratégie de rénovation énergétique accélérée, de sorte que la totalité du parc social parisien le soit d'ici 2032 et la fin de la prochaine mandature.
Si je suis opposée à la politique de production et d'attribution des logements sociaux menée par Anne HIDALGO, je suis en revanche favorable à une politique du logement social pour mieux loger les familles et les classes moyennes. C'est pourquoi il faut rompre avec l'actuelle politique de la préemption d'habitations et de bureaux pour les transformer en logements sociaux, laquelle représente un coût exorbitant pour les contribuables parisiens. La Mairie de Paris se félicite encore de créer des logements sociaux avenue George V ou avenue des Champs-Elysées, alors qu'elle pourrait en réaliser deux à trois fois plus dans des quartiers moins chers, et que le pouvoir d'achat des futurs résidents au quotidien ne correspond pas à la réalité économique du quartier. Résultat : chaque année, il y a toujours plus de logements qui sortent du marché locatif privé, toujours plus de demandeurs de logement social et toujours plus de logements sociaux dégradés.
Ceci étant dit, j'ai confirmé mon vote "pour" les deux délibérations permettant la rénovation énergétique du 29 rue Cambacérès et du 40-42 rue de la Bienfaisance / 1 rue Treilhard.
Sécuriser les pistes et les carrefours cyclables les plus dangereux du 8e
Mon premier vœu avait pour objet que la Ville de Paris sécurise les carrefours cyclables dangereux du 8ème arrondissement. Le 15 octobre dernier, un cycliste est mort écrasé par un automobiliste sur la nouvelle piste cyclable du boulevard Malesherbes, dans notre arrondissement. Si ce drame s'apparente à un meurtre, nous déplorons tous que l'espace public parisien soit devenu depuis une dizaine d'années un véritable Far West, théâtre d'une guerre de tous les usagers contre tous les usagers.
Bien qu'il reste au milieu du gué faute de volonté politique pour renforcer la police municipale et donner la priorité aux sanctions pour faire respecter le Code de la route, le Code de la rue a au moins un mérite : il prend l'engagement de ne plus aménager de nouvelles pistes cyclables sur les trottoirs, une mesure de prévention situationnelle indispensable pour mieux intégrer la sécurité des cyclistes et des piétons dans l'aménagement de l'espace public parisien. Aujourd'hui, les pistes unidirectionnelles de chaque côté de la chaussée ont d'ailleurs la préférence des experts de la sécurité routière pour concilier la sécurité des piétons et le confort des cyclistes.
Dans le 8e arrondissement, la sécurité des pistes cyclables du boulevard des Batignolles et de la rue de la Pépinière, toutes deux aménagées sur le trottoir et présentant des tracés sources de confusion et de conflits d'usages, doivent être améliorées d'urgence pour tous les usagers de l'espace public, à commencer par les cyclistes et les piétons, usagers les plus vulnérables.
Lors de notre Conseil d'arrondissement du 11 juin dernier, la Maire du 8e avait d'ailleurs indiqué que des travaux sur la piste cyclable de la rue de la Pépinière seraient engagés, je la cite, "après les Jeux olympiques et les travaux de la place Saint-Augustin". Et bien, nous y sommes !
Toujours dans l'arrondissement, les associations "Paris en selle" et "Mieux se déplacer à bicyclette" ont demandé publiquement à la Ville de Paris la sécurisation de 17 carrefours cyclables qualifiés de "dangereux" dans le 8e - parmi les 200 que compte Paris.
Les 17 carrefours cyclables "dangereux" qui méritent d'être sécurisés dans le 8e arrondissement :
le carrefour du parvis de la gare Saint-Lazare ;
le carrefour de l'avenue des Champs-Elysées et du tunnel de la Concorde ;
le carrefour de l'avenue des Champs-Elysées et de la rue de Marignan ;
le carrefour de l'avenue des Champs-Elysées et de la rue Pierre Charron ;
le carrefour de l'avenue des Champs-Elysées et de l'avenue George V ;
le carrefour du cours La Reine et de la voie Georges Pompidou ;
le carrefour de l'avenue de Marigny et de l'avenue Gabriel ;
le carrefour de l'avenue des Champs-Elysées et de l'avenue de Marigny ;
le carrefour du boulevard des Batignolles, de la rue de Constantinople et de l'avenue de Villiers ;
le carrefour du boulevard Malesherbes et de la rue Boissy d'Anglas ;
le carrefour du boulevard Malesherbes et de la rue Miromesnil ;
le carrefour du boulevard Haussmann et de la rue Miromesnil ;
le carrefour de la rue Rome et de la rue de Constantinople ;
le carrefour de la place de l'Alma ;
le carrefour de la place Saint-Augustin ;
le carrefour de rue La Boétie et de la rue Percier ;
le carrefour du boulevard Haussmann et de la rue de Rome.
Ces associations ont aussi demandé la mise en place d'un "comité de la sécurité routière" rassemblant tous les acteurs parisiens concernés pour assurer le suivi de l'atteinte de l'objectif "zéro mort, zéro blessé grave".
C'est pourquoi j'ai proposé que notre Conseil d'arrondissement émette le vœu que la Ville de Paris :
remplace, dans les meilleurs délais, la piste cyclable du boulevard des Batignolles et la piste cyclable de la rue de la Pépinière, toutes deux aménagées sur le trottoir, par des pistes cyclables sur les chaussées contiguës, séparées et protégées ;
sécurise, dans les meilleurs délais, les 17 carrefours cyclables dangereux dans le 8e arrondissement inventoriés par les associations "Paris en selle" et "Mieux se déplacer à bicyclette" ;
mette en place, dans les meilleurs délais, un comité de la sécurité routière rassemblant tous les acteurs parisiens concernés pour assurer le suivi de l'atteinte de l'objectif "zéro mort, zéro blessé grave".
La majorité d'arrondissement a rejeté mon vœu, sans argument véritablement convaincant. Elle n'a pas davantage répondu à ma question sur le calendrier de réaménagement de la piste cyclable de la rue de la Pépinière.
Gustave Caillebotte : le temps est venu de lui rendre hommage dans le quartier de l'Europe du 8e arrondissement
Mon second vœu avait pour objet que la Ville de Paris dénomme une voie publique, une place, un espace vert ou un équipement municipal du quartier de l'Europe dans le 8ème arrondissement en hommage au peintre Gustave Caillebotte.
Le peintre Gustave Caillebotte (1848-1894) fait partie des grands peintres du quartier de l'Europe, avec Édouard Manet et Édouard Vuillard. Il est notamment l'auteur des célèbres œuvres "Le Pont de l'Europe" (1876), représentant le viaduc réalisé par l'ingénieur Jullien en 1863, "Rue de Paris, temps de pluie" (1877), représentant la place de Dublin, "Jeune Homme à la fenêtre" (1876), représentant la rue de Miromesnil et le boulevard Malesherbes, "Le Parc Monceau" (1877), "La place Saint-Augustin, temps brumeux" (1878), "L'homme au balcon, boulevard Haussmann" (1880), "Un balcon, boulevard Haussmann" (1880) ou encore "Boulevard Haussmann, sous la neige" (1880-1881). Il résida longtemps avec sa famille dans l'immeuble d'angle du 77 rue de Miromesnil / 13 rue de Lisbonne (1866-1879), ce qui explique ses nombreuses œuvres représentant un lieu du quartier de l'Europe du 8e arrondissement. Plusieurs descendants de la famille Caillebotte, dont l'autrice de la biographie Gustave Caillebotte, l'impressionniste inconnu, habitent encore le 8e arrondissement.
Gustave Caillebotte fut non seulement un peintre, à la fois réaliste et impressionniste, mais aussi un collectionneur, un mécène et un organisateur des expositions impressionnistes de 1877, 1879, 1880 et 1882. Son œuvre de peintre fut longtemps éclipsée par son rôle de mécène, jusqu'à ce qu'il soit redécouvert dans le cadre de rétrospectives, depuis les années 1970 aux États-Unis et depuis les années 1990 en France. La collection de Gustave Caillebotte léguée à l'État français en 1894 forme toujours le cœur de la collection impressionniste du Musée d'Orsay.
Aujourd'hui, si l'exposition "Caillebotte. Peindre les hommes" organisée par le Musée d'Orsay 130 ans après sa mort rencontre un légitime succès à la mesure de l'originalité et de l'audace des chefs-d'œuvre de l'artiste, il ne dispose toujours pas d'une voie publique à son nom dans le quartier de l'Europe. Et si une voie du 20e arrondissement porte déjà le nom "rue Gustave et Martial Caillebotte" depuis 2013, la délibération adoptée lors du Conseil de Paris des 12-13 novembre 2013 ne motivait alors à aucun moment un quelconque rapport concret entre, d'une part, le 20e arrondissement et, d'autre part, le parcours, la biographie ou les œuvres de Gustave Caillebotte.
Le temps est donc venu de lui rendre un hommage public dans le 8e arrondissement et c'est pourquoi j'ai proposé que la Ville de Paris dénomme au nom de Gustave Caillebotte une voie publique, une place, un espace vert ou un équipement municipal, ayant un rapport concret avec son parcours et sa biographie, dans le quartier de l'Europe du 8e arrondissement. Je comptais sur le soutien de notre majorité d'arrondissement et sur l'engagement de nos Conseillers municipaux lors du prochain Conseil de Paris du 17 au 20 décembre. Toutefois, ceux-ci ont fait défaut. Les amateurs de Caillebotte apprécieront...
Un espace canin dans le 8e arrondissement pour la tranquillité de tous - usagers des espaces verts et propriétaires de chiens
Enfin, ma question orale adressée à la Maire du 8e arrondissement portait sur le bilan et les perspectives de l'expérimentation élargissant l'autorisation de promenade des chiens tenus en laisse dans le parc Monceau. En réponse à l’une des demandes des propriétaires de chiens usagers du parc Monceau, la Maire avait en effet pris l'initiative de mener une expérimentation du 4 mai au 4 octobre pour élargir l'autorisation de la promenade des chiens tenus en laisse aux allées principales du parc Monceau. Mais parce qu'elle n'aurait pas été satisfaisante, cette expérimentation ne devrait être ni poursuivie dans le parc, ni généralisée ailleurs.
Afin de rendre le 8e arrondissement plus sûr et tranquille pour les usagers des espaces verts, et plus accueillant pour les propriétaires de chiens, je propose de mon côté depuis plusieurs mois d'aller un peu plus loin et qu'un espace canin clôturé, spacieux et équipé de jeux, soit créé dans l'arrondissement, de préférence dans le jardin de la mairie du 8e arrondissement ou un autre espace vert qui convienne au plus grand nombre. Plus d'un millier de personnes ont déjà signé la pétition en ligne dédiée. La Ville de Paris a par ailleurs l'ambition que tous les arrondissements parisiens soient rapidement dotés d'au moins un espace canin. Si le jardin de la mairie du 8e arrondissement était finalement retenu, ce serait aussi l'occasion de l'ouvrir sur la rue du Général-Foy et de mettre en valeur la façade sud de l'Hôtel Cail.
J'ai donc demandé à la Maire du 8e arrondissement si elle pouvait nous communiquer des éléments de bilan et de perspectives concernant l'expérimentation élargissant l'autorisation de promenade des chiens tenus en laisse dans le parc Monceau, et si elle pouvait, à l'aune de ces éléments, nous faire part de sa position actualisée concernant la création d’un espace canin clôturé dans l’arrondissement.
Dans sa réponse, la Maire du 8e arrondissement a confirmé que l'expérimentation avait posé un certain nombre de problèmes (chiens non tenus en laisse, massifs détérioriés) et mobilisé beaucoup de personnels. Quant à la création d'un espace canin, elle a indiqué que le lieu n'aurait pas encore été trouvé.
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